vendredi 1 juin 2012

Quand les chats sont pas là, les souris dansent.


Il y a un dude pas chanceux du tout qui a son bureau dans le corridor. Comme dans un hôpital avec des gens couchés un peu partout, mais lui, il est tout seul. Il est dans un recoin, entre deux cubicules mal faits, juste de l’autre côté du mien. Et j’entends tout. Ses rots. Son pianotage. Ses reniflements. Ses questionnements. Ses téléphones. SON GRINCEMENT DE CHAISE. J’comprends qu’à la base, c’est lui le pire, le pauvre exclus d’un coin de corridor sombre. Mais il  se berce tout le temps. Tout. Le. Temps. 

J’vais finir par m’habituer, mais j’trouve que ça l’a pas de bon sens d’aller le voir et de dire :
«Salut! Moi c’est Swan du cubicule juste derrière je sais on se connait pas j’suis juste du département d’à côté mais bon je veux pas être désagréable en fait je sais que j’le suis déjà pardon mais tsé tu te berce beaucoup sur ta chaise pis ça grince fort pis ça gosse ouain j’m’excuse ça m’dérange un peu en fait pas mal pis y’a tu un moyen gentil de te demander d’arrêter ou au pire on peu appeler l’entretien pour que quelqu’un huile tout ça non euh ok désolé!»

Non. Juste non. J’vais m’habituer. Mais j’suis curieuse quand même. J’passe deux fois dans le corridor en espérant lui voir la binette pis j’y arrive pas. Avec l’idée qui vient d’me sauter dans face, j’me trouve très ridicule. Mais pourquoi pas? Vendredi après-midi, y’a jamais beaucoup de monde au bureau…Ma boss étant partie, j’entre dans son bureau et referme la porte derrière moi (chose que je fais souvent, ne vous inquiétez pas, c’est moi qui classe ses affaires). Je grimpe sur une de ses filières et passe la tête par-dessus les murs de son cubicule afin d’entrevoir la face du dude du corridor. J’me sens comme un singe, ou comme une gamine. J’rigole toute seule de mon action intrépide et je descends de mon perchoir. J’ai absolument rien découvert. Mais j’vais pouvoir dire au moins une fois dans ma vie que j’suis monter debout sur le bureau de ma boss.

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