mercredi 6 juin 2012

L'inconnu du quartier


Il y a quelque semaine, mon moral était assez bas. J’me trouvais pas belle, pas pertinente, pas intelligente, pas agréable, pas une bonne blonde, pas une bonne amie, pas ci, pas ça. J’étais allée chercher du lait au dépanneur avec Ti-mine, la petite fille de 5 ans de ma rugueuse moitié, et au retour on a croisé un jeune homme (genre 27 ans) avec un chien. Ti-mine, pas gênée et enthousiaste comme il se doit, accoure pour caresser la bête. Moi, dans mon humeur de cul pis mes joggings, je la laisse faire, lui rappelle qu’elle doit demander la permission au gentil monsieur pour flatter son chien, remercie le gentil monsieur en question, fait des sourires polis…Le chien, un cocker un peu bâtard, était tellement énervé qu’il gigotait tout le temps. Le gentil monsieur s’est accroupi avec un grand sourire de dents blanches pour retenir un peu son chien afin que Ti-mine puisse le caresser. Sans franc succès, mais l’effet était quand même apprécié!

C’est quand j’me suis rendu compte qu’il essayait d’étirer le temps pis que ses beaux sourires étaient plus pour moi que pour la situation que j’ai compris que j’me faisais cruiser. Ça m’étais pas arrivé depuis un certain temps. J’me suis mis à être gênée pis à balbutier des trucs du genre «Viens Ti-mine, papa attends le lait pour finir le souper!», question de me sortir de cette situation et de préciser à l’inconnu que je ne suis pas disponible.

Pis c’est resté comme ça, j’l’ai croisé quelques autres fois, parfois en vélo, toujours à des endroits différents près de chez moi. On se regardait toujours avec une face de «Eille me semble j’te connais!» pis on se parlait jamais. C’était ben drôle pis c’était ben correct comme ça.

Mais là, mon univers est chamboulé : Bout-d’viarge! IL TRAVAILLE AUSSI À LA MÊME PLACE QUE MOI!

J’l’ai vu, au deuxième étage, là où on prend les escalators pour aller chercher notre café au Couche-Tard en bas. J’fabule même pas. J’étais avec un collège à jaser pis j’me suis arrêté pour le regarder entrer dans son département, question d’être sûre que c’est bien l’inconnu du quartier que je viens de voir. PIS CRIME! Il se revire de bord, me regarde avec sa fameuse face de «Eille me semble que j’te connais!», fini par allumer, fait une face de gars surpris suivie d’un grand sourire pis d’une semi-salutation. J’ai failli m’enfarger dans mes talons hauts. On se croirait dans un «soap». J’ai continué mon chemin sans répondre pis là j’me demande c’est quoi son poste, si je vais avoir à faire à lui dans mes fonctions de travail, si je vais le recroiser, etc.

Vous méprenez pas, j’ai pas envie d’une histoire foireuse au bureau. J’trouve juste ça très drôle, pis ça me gêne au coton de m’être fait cruiser par l’inconnu du quartier qui travaille à la même place que moi. ;)

1 commentaire:

  1. Moral bas : JE COMPRENDS.

    Tu peux te consoler en te disant qu'au moins, tu as le sens de l'humour... et de l'autodérision.

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